NATIONSUNIES |
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Convention relative aux |
Distr. Original : FRANÇAIS |
COMITÉ DES DROITS DE L'ENFANT
Trentième session
COMPTE RENDU ANALYTIQUE DE LA 788e SÉANCE
tenue au Palais Wilson, à Genève,
le mardi 28 mai 2002, à 10 heures
Président : M. DOEK
SOMMAIRE
EXAMEN DES RAPPORTS DES ÉTATS PARTIES (suite)
Deuxième rapport périodique de la Tunisie
______________
Le présent compte rendu est sujet à rectifications.
Les rectifications doivent être rédigées dans l'une des langues de travail. Elles doivent être présentées dans un mémorandum et être également incorporées à un exemplaire du compte rendu. Il convient de les adresser, une semaine au plus tard à compter de la date du présent document, à la Section d'édition des documents officiels, bureau E.4108, Palais des Nations, Genève.
Les rectifications aux comptes rendus des séances publiques du Comité seront groupées dans un rectificatif unique qui sera publié peu après la session.
EXAMEN DES RAPPORTS DES ÉTATS PARTIES (point 4 de l'ordre du jour) (suite)
DeuxièmePremier
rapport périodique de la Tunisie
[CRC/C/83/Add.1; CRC/Q/TUN/2 (liste des
points à traiter); CRC/C/RESP/4 (réponses
écrites)]
La séance est ouverte à 10 h 10.
1. Sur l'invitation du Président, M. Zouari, M. Ben Salem, M. Bouktaief, M. Khemakhem et M. Najjar prennent place à la table du Comité.
2.
M. ZOUARI (Tunisie) dit que l'engagement du
Ggouvernement tunisien
en faveur de l'enfance constitue un des fondements
stratégiques de sa politique de développement. La
mise en œuvre du Programme national d'action pour la
survie, la protection et le développement de l'enfant
l'enfant a permis des progrès
considérables, notamment dans le domaine de la
santé. Diverses réformes ont été
entreprises dans les domaines de l'éducation, de la
formation professionnelle, de l'animation culturelle et de
l'information; . Celles-ci
avaient notamment pour objectif d'améliorer la
qualité de l'enseignement par l'élaboration de
nouveaux programmes (mettant l'accent sur l'acquisition des
compétences de base, l'apprentissage des langues
étrangères et la maîtrise des technologies de
l'information), la création de zones d'éducation
prioritaire et la promotion de l'égalité entre
garçons et filles à l'école. Des mesures ont
également été prises en vue de garantir le
maintien des enfants à l'école jusqu'à
l'âge de 16 ans, ce qui a permis de lutter
efficacement contre le travail des enfants.
3.
L'action menée par le Gouvernement en matière de
développement durable a commencé à porter ses
fruits. Ces dernières années, la croissance
démographique a ralenti et la situation économique des
familles s'est améliorée. Il convient de signaler que la
part des crédits alloués aux secteurs sociaux
représente environ 50 % du budget de l'ÉEtat. Un fFonds de solidarité
nationale a été adopté récemment
institué et approuvé
par les institutions financières
internationalesl'ont approuvé. La Banque
tunisienne de solidarité finance par ailleurs un certain
nombre de petits projets en faveur des jeunes.
4.
Diverses mesures juridiques ont été prises en vue de
protéger et promouvoir les droits de l'enfant en Tunisie.
Le système judiciaire a été modifié de
façon à garantir un traitement adapté à
l'enfant délinquant, avec la création de juridictions
spécialisées. Le Code de la protection de l'enfant,
promulgué en novembre 1995, concerne à la fois
les enfants en difficulté et les enfants
délinquants. Il privilégie le volet préventif et
institue notamment une procédure de médiationmédiation visant à éviter
la comparution des mineurs devant les tribunaux, ainsi qu'un
système d'observation permettant d'éviter le placement
des mineurs délinquants en dans des centres de
redressement. L'adoption de ce Code s'est accompagnée de la
mise en place de nombreuses structures aux niveaux national et
local, parmi lesquelles le corps des délégués
délégués à la
protection de l'enfance. Ces délégués
ux-ci ont pour mission de veiller au
bien−être et au respect de l'intégrité
physique ou morale des enfants; i. Ils
peuvent informer les autorités compétentes de toute
situation dangereuse pour l'enfant ou intervenir directement,
notamment en qualité de médiateur. Afin de
renforcer l'efficacité de ce système, un
délégué général à la protection
de l'enfance a été désigné et chargé
de coordonner les activités de tous les
délégués, tout en garantissant leur
indépendance. L'Un observatoireObservatoire d'information, de
formation, de documentation et d'étude pour la protection
des droits de l'enfant a de plus par
ailleurs été créé
en février 2002.
5.
LaUne loi portant
création d'un parlement des enfants,
qui vient d'être
adoptée,prévoit . Il est
prévu que la moitié au moins des membres de ce
parlement serontoient désignés
en fonction de leurs résultats scolaires, les autres
étant élus parmi les enfants participant aux
conseils municipaux. L'élaboration de l'ordre du jour des
sessions pourrait être confiée à l'Observatoire
d'information, de formation, de
documentation et d'étude pour la protection des droits de
l'enfantde la protection de l'enfant.
6. La Tunisie a adhéré aux deux protocoles facultatifs à la Convention relative aux droits de l'enfant. Le Gouvernement a en outre pris diverses mesures en vue d'appliquer les observations finales du Comité
concernant le rapport initial de la Tunisie, notamment dans
les domaines de la lutte contre la discrimination et de la
protection des enfants contre l'exploitation économique.
La TunisieIl a ratifié les conventions 138 et
182 de l'OITOIT,
concernantrelatives,
respectivement,à l'âge minimum
d'admission àde l'emploi et lesaux pires formes de travail des
enfants. Le GouvernementIl établit un rapport
annuel sur la situation des enfants en Tunisie, qui est
examiné en Conseil des ministres. À l'occasion
de la Journée de l'enfant, célébrée le
11 janvier, un prix du Président de la
République pour les droits de l'enfant est
décerné aux organismes et associations qui se sont
distingués dans ce domaine.
7. M. BOUKTAIEF (Tunisie) explique que les secteurs de l'éducation et de la santé sont aujourd'hui organisés selon un système performant qui repose sur la mise en œuvre de programmes intégrés de prévention, de protection et de prise en charge et sur une législation conforme aux dispositions de la Convention.
10. Le Code de
la
protection de l'enfant contient une nouvelle disposition -
intitulée "devoir de signalement" - qui donne obligation
à tous (professionnels et non professionnels) de signaler,
directement au délégué ou à travers d'autres
structures, les cas où des enfants sont en situation de
danger. Le délégué, agissant en concertation
avec le juge pour enfant ou de la famille qui lui accorde
l'autorisation d'intervenir, évalue cette situation. S'il y a
absence de danger, l'affaire est classée, sinon, en cas
de risque véritable, le délégué prononce des
mesures de protection, qui peuvent être des mesures d'urgence
(séparation du milieu familial, prise en charge sociale
et psychologique, suivi) ou des mesures conventionnelles
négociées avec les parents (maintien de l'enfant dans sa
famille, protection, orientation, etc.). L'ensemble du
réseau mentionné plus haut appuie l'application de ces
mesures.
11.
M. KHEMAKHEM (Tunisie) dit que différents
mécanismes appropriés sont prévus
en ce qui concerne le traitement des enfants en conflit
avec la loi. D'une part, l'enfant de moins de 13 ans jouit de
la présomption irréfragable d'innocence et les enfants
de 13 à 18 ans d'une présomption simple
en matière pénale. D'autre part, deux régimes
distincts ont été instaurés pour les enfants
de 13 à 15 ans, qui ne peuvent pas être
placés en détention provisoire, et les enfants
de 15 à 18 ans, auxquels le juge peut,
dans un recours extrême, ,
imposerinfliger une peine
corporelle.Même s'il commet un crime, l'enfant ne
peut donc pas être jugé. Le
Code prévoit également l'interdiction de porter
l'action civile devant les juridictions pour enfant, la
possibilité de correctionnaliser tous les crimes (sauf le
meurtre), la possibilité pour le juge de prononcer la
confusion dconfondre les peines
applicablesdans l'intérêt de l'enfant
et
l'interdiction de recourir à la détention
préventive pour l'enfant âgé de moins de
15 ans. Le juge pour enfant est assisté par
des assesseurs, dont l'un est généralement
spécialisé en psychologie et un autre
en sociologie. La composition du tribunal pour enfant est
différente selon que celui‑ci siège
en matière de contravention et de délit ou
en matière de crime. En outre, le Code de la
protection de l'enfant a été amendé
en mai 1995, lorsque le
législateur a institué le double degré de
juridiction en matière criminelle et
décidé à cette occasion de retirer la
déclaration No 2 et la
réserve No 2 concernant
la Convention.
12. Dans la détermination des sentences, les juges pour enfant privilégient, lorsque cela est possible, la remise de l'enfant à ses parents et les mesures de rééducation et de réinsertion sociale. Un nouveau régime de règlement des conflits a été établi, qui est celui de la médiation en tant que mécanisme favorisant la conciliation entre l'enfant auteur d'une infraction ou son représentant et la victime, son représentant ou ses ayants droit. Cette médiation a pour objectif d'arrêter les poursuites, le jugement ou l'exécution de la peine, en fonction de la phase pendant laquelle elle intervient. La possibilité qu'a le tribunal ou le juge pour enfant de réviser les sentences constitue une autre mesure de protection.
13. Un nouveau régime de la liberté surveillée a été instauré. Cette surveillance est assurée, en milieu ouvert, par des délégués, bénévoles ou rémunérés, nommés parmi les travailleurs sociaux et elle peut être une mesure provisoire prise par le juge pour enfant, une mesure complémentaire ou une mesure principale.
Mesures générales d'application et définition de l'enfant
14.
M. AL‑SHEDDI constate avec satisfaction
dit
que le rapport a été soumis dans les délais
impartis voulus et établi
conformément aux directives du Comité. Une
place importante y est accordée à l'harmonisation de la
législation nationale avec sur
la Convention. De nombreuses mesures ont été
prises suite aux recommandations formulées par le
Comité lors de son examen du rapport initial. Le
Codede a loi sur la protection de
l'enfant adoptéeen 1996 englobe
recouvretoute une série de
textes et de services visant à assurer le
bien‑être des enfants. À ce sujet,
dDes précisions sur la
sélection et les attributions des délégués
à la protection de l'enfance seraient à cet
égard bienvenues. La nomination de juges pour
enfant est également une mesure importante et très
satisfaisante.
15. Le Comité
se félicite de la ratification par l'État Partie des deux
Protocoles facultatifs à la Convention ainsique et de
la Convention No 138 de l'Organisation
internationale du Travail (OIT), qui donne suite à sa
recommandation tendant à porter
à 16 ansce que l'âge minimum
d'admission à l'emploisoit porté
à 16 ans.
16.
Toutefois, lLe
rapport et les réponses écrites ne permettent
toutefois pas d'établir
clairement quel est l'organe responsable de la coordination de
la politique de l'enfanceet il serait intéressant de
savoir si: un système indépendant de
contrôle a-t-il été mis
en place, qui s'occupe des questions de planification,
comment la supervision des activités des
délégués à la protection de l'enfance
est‑elle assurée et qui
présente les rapports d'évaluation.? Enfin, il serait bon que
la délégation apporte des précisions sur
l'évolution des allocations budgétaires concernant
leau secteur de l'éducation.
17.
Mme SARDENBERG constate qu'aucune femme
n'est présente dans la délégation et demande des
éclaircissements à ce sujetse
demandepourquoi. Elle
voudrait également savoir
pourquoi le sport est inclus dans les activités du
Ministère de la jeunesse, de l'enfance et des
sports. Au sujet du référendum qui vient
d'être organisé en TunisieEll, elle souhaite
connaître la place réservée aux droits de
l'homme, et de l'enfant en particulier, dans la nouvelle
constitution.
18.
En
ce qui concerne l'application de la Convention,
Eelle note que très peu
d'informations sont fournies sur la contribution de la
société civile à la mise
en œuvre de la Conventionet
sur la façon dont les enfants perçoivent
eux‑mêmes leurs droits et leurs attentes. Il serait
donc bon à cet
égard que la délégation explique comment
l'État pPartie entend,
en appliquant une politique principalement axée sur
la protection du bien‑être des jeunes, donner
à la notion de droits de l'enfant toute l'importance qui
lui revient et faire évoluer les attitudes et les
comportements pour faire en sorte que l'enfant soit
effectivement considéré comme un sujet de droit. La
délégation pourrait également apporter de plus
amples informations sur l'élaboration et la teneur du
rapport sur la situation des enfants présenté tous
les ans en au Conseil des
ministresériel, ainsi que sur
les activités de suivi auxquelles il donne
lieule concernant.
19.
Mme AL‑THANI demande si le rapport
annuel au Conseil des ministresériel porte uniquement sur
l'éducation et la santé des enfants ou si d'autres
aspects de l'application de la Convention, dont les questions
relatives au droit de l'enfant d'exprimer ses opinionsvues, y sont abordés. Elle
souhaite aussi en savoir plus sur les activités de
l'ObservatoireObservatoire d'information, de
formation, de documentation et d'étude
pour
la protection des droits de l'enfantsur l'information,
la documentation et les études sur les droits de
l'enfant : est‑il habilité à recevoir
les plaintes émanant d'enfants, prend‑il
systématiquement des mesures pour remédier à la
situation, remplit‑il les fonctions d'un médiateur et
comprend‑il des membres du
Gouvernement ysiègent-ils dans sa composition?
20. Il serait
également utile de savoir si l'État pPartie envisage de prendre
des mesures pour renforcer la formation, jusqu'à
présent insuffisante, des membres de la police et des
forces armées et pour sensibiliser tous les personnels
concernés à la nécessité de respecter les
dispositions de la Convention.
21.
Enfin, elle ce qui
concerne les ONG, Mme Al‑Thani voudaimerait
avoir des précisions sur la
nature des travaux, la composition et le statut de
l'Organisation tunisienne des droits de l'homme et se
demande (en particuliers'il, s'agissait‑il au départ d'un organe
gouvernemental?). Enfin, elle demande
oOù en est le projet
de'établir un nouveau
plan d'action national en faveur de l'enfance.?
22.
M. CITARELLA demande si l'État pPartie envisage de retirer
le
reste de ses les déclarations et
réserves encore existantes concernant
la Convention. Il voudrait savoir pourquoi le Code de la
protection de l'enfantce, largement inspiré
de la Convention, ne s'appelle pas "code des droits de
l'enfant" et pourquoi la démarche suivie par
la Tunisie dans ce domaine vise davantage à
protéger l'enfant qu'à assurer le respect de ses
droits et à promouvoir sa participation à la vie de
la société en tant que sujet de droit.
23. En ce qui concerne la définition de l'enfant, il demande, d'une part, si l'État Partie envisage d'harmoniser entièrement l'âge minimum légal du mariage et, d'autre part, ce qui motive l'obligation pour les jeunes filles de plus de 17 ans d'obtenir l'autorisation de leurs parents pour se marier et jusqu'à quel âge cette disposition s'applique.
24.
Mme KARP demande si la Constitution tunisienne ne
pourrait pas intégrer une composante "droits de l'homme" et si
la Convention relative aux droits de l'enfant ne pourrait pas
servir, d'un point de vue pratique, au renforcement du processus de
démocratisation largement entamé dans le pays, étant
donné qu'il semble difficile de garantir les droits civils et
politiques des enfants dans une société non respectueuse
des droits de l'homme. Elle se demande également comment un
seul et même organe, à savoir le Conseil nationalsupérieur de l'enfance, qui
est d'ailleurs désormais présidé par le Premier
ministre et dont certaines des attributions ont été
redéfinies, peut à la fois assurer la coordination et le
suivi de la réalisation des activités de mise
en oeuvre de la Convention. Comment peut-il être
chargé de l'application concrète de ses dispositions et
avoir dans le même temps un regard extérieur et critique
sur les mesures prises ?
25. Elle voudrait savoir dans quelle mesure les enfants sont impliqués dans le processus d'élaboration du rapport annuel sur la situation des enfants. Que pensent-ils de sa mise en application et ont-ils la possibilité de participer aux discussions y relatives puisque l'expérience montre que le point de vue des enfants en la matière est toujours des plus enrichissants.
26. Elle demande
par ailleurs si l'Observatoired'information, de formation, de
documentation et d'étude pour la protection des droits de
l'enfant dont s'est récemment doté la Tunisie
a reçu pour mandat de réaliser des études sur des
sujets spécifiques, notamment sur la violence dans la
société, et en particulier sur les thèmes
encore considérés comme tabous que sont la violence au
foyer, l'exploitation et les abus sexuels et les violences
sexuelles au sein de la famille, et si
la Tunisie envisage de se doter d'un système de plainte
auquel les enfants auraient accès sachant que le système
instauré, qui repose sur les délégués à la
protection de l'enfance et ne concerne que des cas très
particuliers de victimisation ou de violation des droits de
l'enfant, ne permet pas aux enfants de faire valoir directement
leurs droits.
27. Il serait bon
d'avoir un complément d'informations sur l'équilibre que
la Tunisie a trouvé entre la focalisation du système de
sécurité sociale sur certains secteurs, notamment les
enfants en danger, et l'offre d'un système de
sécurité sociale traditionnel pour les
famillesplus classiques. La Tunisie
ayant pour politique de
maintenir l'enfant dans son milieucontexte familial, existe-t-il
une structure sociale chargée de soutenir les familles, avant
même que les problèmes ne se posent ?
28. S'agissant de la procédure de signalement, quelle est la place de la police dans la structure de défense des enfants ? Quand le système pénal intervient-il pour mener ses enquêtes sur les cas d'exploitation d'enfants et traduire les auteurs de ces crimes en justice ? Quel type de coopération existe‑t‑il entre les deux systèmes pour garantir tant l'efficacité du système de répression pénale que le respect de l'intérêt supérieur de l'enfant ?
29.
Mme CHUTIKUL constate avec satisfaction
que'en matière de santé
notamment, la Tunisie a atteint les objectifs qu'elle
s'était fixés dans son Plan national d'action
pour la survie, le développement et la protection de
l'enfant, en matière de santé notamment,
mais aimeraits'enquiert de savoir si le plan
en question, arrivé à son terme
échu en 2001, a
été prolongé reconduit ? Des
éclaircissements sur la coordination del'action
des différents ministères dont relèvent
les questions de l'enfance en Tunisie seraient
également utiles. À A
cet sujetégard, qui assure la mise
en oeuvre des politiques relatives aux droits de
l'enfant ? Lequel du Conseil supérieur de l'enfance
et du Conseil national de l'enfance fonctionne
actuellement ? Quel est son mode d'action et comment
est-il relié aux organes oeuvrant au niveau
local ?
30.
La Tunisie ayant jusqu'ici produit trois rapports annuels sur
la situation des enfants, quelles mesures concrètes ont
été prises ? S'agit-il de rapports purement
descriptifs ou analytiques ? Qui décide dans le pays des
nouvelles questions à traiter au titre des droits de
l'enfant ? Quant aux ONG, quels sont le rôle et les
fonctions de l'Association tunisienne des droits de
l'enfant et quelles sont ses relations avec
le Gouvernement ?
31.
Mme TIGERSTEDT-TÄHTELÄ estime
encourageant que la part du budget affectéallouée
aux secteurs de l'enfance, de l'éducation et de la santé
ait augmenté en Tunisie entre 1999 et 2001, mais
souligne que ce n'est pas tant le montant des sommes
consacrées à l'éducation ou à la santé qui
importeque, mais plutôt la
qualité des services offerts. Ace titre, la Tunisie compte-t-elle
suffisamment d'établissements d'enseignement technique
pour assurer son développement et satisfaire aux besoins
de son industrie ?
Quant au financement du budget, elle souhaiterait savoir comment
a été élaboré le nouveau système
d'imposition e taxation mis en place.
Existe-t-il dans le pays une délocalisation des pouvoirs,
notamment en matière d'éducation et de santé,
et dans l'affirmative, comment cette décentralisation
fonctionne-t-elle ?Enfin, la Tunisiecompte-t-elle
suffisamment d'établissements d'enseignement technique
pour assurer son développement et satisfaire aux besoins
de son industrie ?
32. Le
PRÉESIDENT, intervenant
en sa qualité d'expert,
souhaite, quant à lui, connaître
les raisons de la réduction des dépenses consacrées allouéesà la santé
enregistrée ces dernières
années. Faut-il y voir un recul de la part des ressources
allantconsacrées aux
enfants ?
33.
Mme OUEDRAOGO félicite le Gouvernement
des progrès accomplis depuis la présentation du rapport
initial, tout en faisant remarquer que certains domaines
méritent encore davantage d'attentionet
en . jugeant surprenante
Frappée elle aussi
de l'absence de femmes dans la délégation
tunisienne. Elle, elle constate cependant avec satisfaction que
le Gouvernement a retiré certaines des réserves
et déclarations qu'il avait formulées.
34.
Elle
demande qQui assure en
Tunisie le contrôle et le suivi de la mise
en œuvre de la Convention en Tunisie -:l'Observatoire d'information,
de formation, de documentation et d'étude pour la
protection des droits de l'enfantdel'information, de formation, de
documentation et d'études pour la protection des droits
de l'enfant, comme semblent l'indiquer les réponses
écrites, ou le Conseil nationalsupérieur de
l'enfance-?, si l'L'ObservatoirObservatoiree
des
droits de l'enfant est-il un
organe indépendant ou est-il
rattaché à une autre structureet
q ? Quels ont été les
progrès accomplis en termes de personnel et de
budget depuis l'adoption du décret qui l'a
institué. ? Est-il prévu
qu'il travaille en partenariat avec les
délégués à la protection de l'enfance dans
certaines situations ?
35. S'agissant du
pParlement des enfants, il
n'apparaît pas clairement dans le rapport la manière
dont le pouvoir législatif pourrait prendre
en compte sesleurs
délibérations. Pourquoi par ailleurs ne pas
porter de 16 à
18 ansfixer la limite d'âge de ses
membresà 18 ans et non à 16 ?
Le Parlement
couvre-t-il enfin tToutes les catégories
sociales d'enfants seront-elles
représentées dans ce parlement ?
36. Elle
aimerait savoirdemande
dans quelle mesure les ONG ont
participé à l'élaboration du rapport et si
leurs critiques et observations ont été prises
en compte ? Au stade de la diffusion du rapport, y
a-t-il eu des discussions ou des tables rondes organisées
sur le sujet ? Quelle considération a pu être
donnée aux critiques et observations
recueillies ?
37. Au niveau des
mécanismes mis en place par le Code de la protection de
l'enfant, quelles sont les mesures d'application du devoir de
signalement ? Comment la Tunisie parvient-elle
à sensibiliser la population et les enfants ausur le changement d'attitude radical
qu'implique la nécessité de procéder à ce
signalement ?
38.
Mme KHATTAB constate qu'en dépit de ses
ressources limitées,, la Tunisie est
devenue une référence en matière
d'action e réalisations en
faveur del'enfances
enfants. A ce sujet, eElle se
demande si la délégation tunisienne envisage
a
l'intention d'inviter le Président du Comité
des droits de l'enfant à la conférence des
Étatspays
arabes convoquée qui doit se
tenir au mois d'en octobre à Tunis
pour
élaborer afin de mettre en placeun pPlan d'action régionalarabe
destiné à assurer le
suivi de la session extraordinaire de l'Assemblée
générale des Nations Uniesconsacrée
aux enfants. Un séminaire ayant déjà
été organisé par l'Institut tunisien des droits
de l'homme au sujet des obstacles rencontrés dans la mise
en œuvre de la Convention relative aux droits
de l'enfant, la Tunisie ne pourrait-elle pas prendre
en considération les propositions de cet
Institut pour constituer une Troïka qui
superviseraitl'organisation de la
conférence ?
39.
Dans
le Au titre de la définition de
l'enfant, le paragraphe 134 du rapport, il est fait
référence à traite de la
nécessité de demander le consentement du tuteur
légal pour le prélèvement d'organes sur un
mineur ou un incapable en vue d'une greffe.
La Tunisie a-t-elle pris des mesures pour éviter protéger l'enfant en
cas d'exploitation dumineur ou de
l'incapabletout abus dans ce
domaine ?Elle aimerait également connaître
la gravité du problème posé par la
possibilité de prodiguer des soins à un enfant sans
consentement légal et la façon dontce
problèmeest traité.
40. Elle constate
avec satisfaction que l'âgeminimum du mariage
est fixé à
17 anspour les filles(17 ans), ce qui
devrait encourager l'éducation de la femme, et
dit s'attendre
donc à ce que cet âge
limite soit à nouveau relevé. Elle
aimerait également connaître la gravité du
problème posé par la possibilité de prodiguer
des soins à un enfant sans consentement légal, et la
façon dont il est traité.
Enfin, Mme Khattab félicite la Tunisie
non
seulement pour la mise en place de ses délégués
à la protection de l'enfance mais aussi pour
l'intérêt qu'elle porte à la protection de
l'environnement en tant qu'élément vital de
l'enseignement et de l'éducation.
La séance est suspendue à 12 h 00 ; elle reprend à 12 h 20.
41.
M. ZOUARI (Tunisie) dit que si la
délégation tunisienne est exclusivement masculine,
qu'il ne faut pas pour autant
en déduire de l'absence de femmes dans la
délégation tunisienne que les femmes n'ont aucun
poids au sein de la société; au contraire,puisqu'elles: elles comptent pour 20 %
des effectifs des conseils municipaux, 12 % des parlementaires
et sont également représentées au sein des
ministères (6 d'entre elles sont ministres).
42. La
réforme de la Constitution tunisienne soumise au peuple
tunisien par référendum le 26 mai 2002 a
été approuvée avec un score massif de
99,52 %; e. Elle prévoit entre
autres dispositions d'inscrire les droits de l'homme dans le
texte de la Constitution, ce qui par voie de conséquence
devrait permettre d'accorder davantage d'attention au respect
des droits de l'enfant et à la Convention relative
aux droits de l'enfant.
43. Le Conseil
supérieur de l'enfance,,
créé en 1990 au sein du Ministère de la
jeunesse et de l'enfance, est devenu, en vertu du
décret du 6 mars 1995, le Conseil national de l'enfance
relevant directement du Premier Ministre. Il a pour objectif
d'assister le Ministre de la jeunesse, de l'enfance et des
sports dans l'élaboration de la politique
générale du Gouvernement dans le domaine des droits
de l'enfant. Prennent part aux réunions du Conseil
nationalsupérieur les parties
concernées - ONG, associations, ministères de
la santé, de l'éducation, entre autres -
en fonction de l'ordre du jour. Le Conseil nationalsupérieur se
réunit chaque année en janvier pour
rédiger un rapport qui dresse le bilan des activités
entreprises au cours de l'année écoulée et pour
mettre au point le plan d'action national pour l'année
à venir.
44. Plusieurs
mesures ont été prises dans le domaine de la défense
des droits de l'enfant, dont : la création
en
1995 ddu corps des dDélégués
à la protection de l'enfance, chargés
d'intervenir chaque fois que la santé de l'enfant ou son
intégrité physique ou morale est
menacée,la création en 2002 de l'Observatoire
d'information, de formation, de
documentation et d'étude pour la protection des droits de
l'enfantet sur l'information, la
formation, la documentation et les études sur les droits
de l'enfantetenfinla promulgation
en 1995 du Code de la protection
de l'enfant, destiné à faire respecter les
principes consacrés dans la Convention relative aux
droits de l'enfant. Le Gouvernement envisage de
désigner un Déléguégénéral chargé de coordonner
tous les Délégués à la protection de
l'enfance. Le Gouvernement a en outre
institué le poste égalede
ment
créé l'institution du médiateur des
enfants, dont le titulairequi
relève du Ministèrere de la jeunesse, de
l'enfance et des sports, institution quiet est
en relation constante avec les autorités locales
(préfets, maires) et les juges. Enfin, la Tunisie
s'est dotée en février 2002 d'un
pParlement des enfants, qui
permet aux enfants de se faire entendre et de participer au
processus législatif puisqu'on leur demande de donner
leur avis sur les projets de loi relatifs à l'enfance. Le
suivi des décisions prises par les jeunes parlementaires
est confiéassuré
parà l'Observatoire d'information,
de formation, de documentation et d'étude pour la
protection des droits de l'enfantsur
l'information, la formation, la documentation et les
études sur les droits de l'enfant.
45.
Le Gouvernement tunisien a mené une grande campagne
médiatiquedans les
médias pour sensibiliser la population aux principes
consacrés dans la Conventionet a. Il a en outre inscrit au
programme d'éducation civique l'étude de
la Convention et du Code de la protection de l'enfant.
De
plus, uUne ligne téléphonique
d'urgence a en outre été mise en place
afin pour que les enfants
qui estimaent que leurs droits ont
été bafoués puissent être entendus et
orientés vers les services compétents. Cette
initiative campagne de
sensibilisation a porté ses fruits puisque le
nombre de plaintes reçues s'élève aujourd'hui
à 10 000.
46.
Le Gouvernement tunisien est heureux d'accueillir à
Tunis en octobre 2002 se félicite de
ce que la conférence des États arabes
convoquée dans le cadre du suivi des décisions de la
session extraordinaire de l'Assemblée générale des
Nations Unies consacrée aux enfantsse
tienneà Tunis en octobre 2002.
Cette
conférencelle‑ci sera l'occasion pour les
différents pays participantsde cette région de mettre
en commun leur expérience en matière de
politique de l'enfance et de jeter les bases d'un plan d'action
régional en la matière. Le Gouvernement
tunisien se félicite en outre de la qualité des relations
bilatérales qu'il entretient avec la Troïka
ministérielle de l'Union européenne.
47.
M.
Zouari estime que Lla
stabilité sociale qui caractérise la Tunisie
d'aujourd'hui a beaucoup à voir avec la gratuité des
soins de santé et de l'éducation,
. Il faut dire que
depuis l'indépendance,
le Gouvernement allouante chaque
année 20 % du budget national à ces deux
secteurs.
La Tunisie a mis en place une politique de
décentralisation en vertu de laquelle elle a confié
une
partie de ces plans et programmes sociaux aux autorités
localesune partie des plans et programmes sociaux,
lesquels: ces plans et programmes sont
planifiés et financés par
le Gouvernement, mais leur mise
en œuvreest assurée au niveau
local, par les districts et les
municipalités. Tous les deux ans et demi,
le Gouvernement organise au niveau des districts une
vaste consultation des enfants et des adolescents qui couvre
tous les domaines les concernant.
48.
Mme KHATTAB demande s'il existe des statistiques
sur le travail des enfants du groupeappartenant
à la classe d'âge des
14-16 ans.
49.
M. ZOUARI (Tunisie) souligne rappelle que
l'école est obligatoire jusqu'à 16 ans et
indique que le taux de scolarisation
est de 99,.1 %. Les enfants dont
le niveau n'est pas insuffisant pour poursuivre
descontinuer leurs études dans le
système traditionnel sont orientés vers des
filières spécialisées où ils reçoiventsuivent
une formation professionnelle. S'il est difficile
d'éradiquer totalement le travail des enfants, on peut le
combattre, et l'un des meilleurs moyens
en la matière consiste à lutter contre la
pauvreté et à créer des emplois pour les
adultes. À cet
égard, M. Zouari indique que les programmes
sociaux susmentionnés ont eu pour effet de faire baisser
le taux de pauvreté à 4 %.
50. De très
nombreuses ONG oeuvrent en Tunisie à la
défense des droits de l'homme en Tunisie
et beaucoup ont conclu avec le Gouvernement un accord de
partenariat, en vertu duquel elles collaborent avec le
Conseil national de l'enfance en lui fournissant des
données factuelles. L'on peut également citer
l'Institut arabe des droits de l'homme qui organise des
réunions et autres séminaires sur tous les sujets
qui concernent les enfants. Le 23 avril de cChaque
année, le 23 avril est célébrée la
Journée nationale des associations et des organisations,
à l'occasion au cours
de laquelle le Gouvernement rencontre toutes les parties
concernées dans le cadre d'une réflexion sur les
orientations futures àqu'il convient d'adopter
en matière de politique de l'enfance. Se
félicitant de l'aide précieuse inestimable fournie par les ONG et
autres organisations, tant sur le plan de l'élaboration
et de la mise en œuvre des divers programmes que de
la collecte de fonds, M. Zouariil
souligne à quel point il
estime souhaitable que cette
collaboration s'intensifie.
La séance est levée à 13 heures.